# 6 – La fosse analytique, Thomas Mann et Freud. Bientôt Noël ? La neige française

6 décembre 2020

Lire La Montagne magique – # 6 – 6 décembre 2020

«Connaissez-vous cet état où l’on rêve, en sachant qu’on est en train de rêver, et où l’on tente de se réveiller sans y parvenir ?» demande Hans Castorp à Settembrini au début du roman.

C’est lors de la séance de radiographie dans le laboratoire du sous-sol du sanatorium que Hans prend conscience de son être-pour-la-mort : « Il vit l’intérieur de sa propre tombe, il vit l’œuvre future de la putréfaction (…) ; la chair qu’il habitait, il la vit décomposée, annihilée, évaporée en une vaine nébuleuse.» Et la  scène étrange de la vision de l’intérieur du corps s’achève par cette phrase : « La fosse analytique qu’il avait vue béante, s’était refermée.» De la « fosse analytique », il est bien souvent question dans La Montagne magique, et le roman est à la fois proche et distant de la pensée psychanalytique. C’est peut-être une des raisons (inconscientes) de l’intérêt éprouvé pour ce roman au temps de l’adolescence. 

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#7 – La vague monte, la vague arrive, la vague est là. A présent on travaille dans la sueur et dans les larmes

27 mars 2020

Lire Proust au temps du coronavirus #7 – 27 mars 2020

Au bout de la première semaine de vie sans vie du confinement, on s’était dit qu’on n’allait quand même pas déjà compter les jours. Au bout de la deuxième semaine de vie sans vie, on ne sait plus très bien ce qu’il en est du temps, car les jours ressemblent aux jours, les jours se superposent aux jours, et de plus en plus on se met à compter les morts. 365 morts en une journée en France hier. 365 morts ! On se souvient de l’effroi éprouvé il y a quelques jours à peine, à l’annonce des 475 morts en Italie. Au bout de la deuxième semaine de vie sans vie du confinement, on ne sait pas si on va pouvoir continuer à écrire.

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#6 – Au deuxième jour de la deuxième semaine de vie sans vie, on meurt seul. On meurt abandonné et seule une personne de la famille est autorisée à voir le corps du défunt

25 mars 2020

Lire Proust au temps du coronavirus #6 – 25 mars 2020

Marcel Proust, A l’ombre des jeunes-filles en fleurs, histoire d’un confinement ?

On se souvient, de santé fragile depuis l’enfance, Proust souffrait d’asthme et il était sujet aux crises d’étouffement. Il étouffe à neuf ans pour la première fois alors qu’il rentre d’une promenade au Bois de Boulogne avec ses parents. A partir de 1906 – 1907, il vécut confiné, ne quittant sa chambre qu’aux petites heures de l’aube pour aller dîner au Ritz, et consacrant tout son temps à l’écriture de La Recherche. En octobre 1922, il est contaminé par la grippe et il meurt le 18 novembre de cette même année.

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#5 – Début de la deuxième semaine de vie sans vie: soyons humbles car la vague arrive

24 mars 2020

Lire Proust au temps du Coronavirus #5 – 24 mars 2020

Il faut faire preuve d’humilité, énonce un éminent infectiologue qui n’est pas de Marseille à la différence du savant fou, du génial fada Didier Raoult, à propos de l’affaire de la chloroquine qui occupe les écrans et les ondes en ce début de la deuxième semaine de vie sans vie. 

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#3 – Premier week-end de confinement

22 mars 2020

Lire Proust au temps du coronavirus #3 – 22 mars 2020

 A l’ombre des jeunes-filles en fleurs, M de Norpois, encore lui : «Dans un temps comme le nôtre où la complexité croissante de la vie laisse à peine le temps de lire, où la carte de l’Europe a subi des remaniements profonds et est à la veille de subir de plus grands encore peut-être, où tant de problèmes menaçants et nouveaux se posent partout, vous m’accorderez qu’on a le droit de demander à un écrivain d’être autre chose qu’un bel esprit… A notre époque il y a des tâches plus urgentes que d’agencer des mots de façon harmonieuse.»

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#2 – Mais on ne va quand même pas déjà compter les jours?

21 mars 2020

Lire Proust au temps du coronavirus #2 – 21 mars 2020

Au milieu de la nuit de ce jour où l’on se dit que l’on ne va quand même pas déjà compter les jours, on lit la première chronique d’Eric Chevillard dans Le Monde, et on se dit que le quotidien français ne pouvait choisir meilleur auteur. Car qui d’autre si ce n’est Eric Chevillard est susceptible de nous faire voyager aux confins du confinement ? Et cela commence plutôt  bien dans ce premier Sine die :  «On ne sort plus, quel voyage ! » Marcher, déambuler dans la maison, parcourir un couloir jusqu’au bout, grimper sur les meubles ou les tentures, et puis surtout relire Xavier de Maistre, « Voyage autour de ma chambre.»

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#1- Chaque jour après ce premier jour

20 mars 2020

Lire Proust au temps du coronavirus #1 – 20 mars 2020

Avant ce premier jour, il y eut une joie étrange, même pas indécente, à l’idée qu’on allait être confinés. On avait contourné le mot, on l’avait détourné. On avait pensé à Une chambre à soi de Virginia Woolf et au vieux, au très sage Voltaire, enfin, on allait pouvoir cultiver son jardin ! Car à Marseille, on a un jardin, un joli jardin provençal qui descend en restanques, un citronnier couvert de citrons en hiver et un olivier empli d’une myriade d’olives en automne. Et justement ce jour d’avant le premier jour, le jardinier était passé. Il avait élagué l’olivier, et l’arbre était tel qu’il doit être mi-mars : une hirondelle peut voler à travers son feuillage clairsemé.

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