# 17 – Un autre temps, le temps entre (2) Ecouter les voix, et celle de Guillaume Gallienne lecteur de Proust

30 avril 2020

Lire Proust au temps du coronavirus #17 – 30 mars 2020

Nous voici désormais dans le temps entre, et pourtant, pour l’instant, rien n’a changé, et on éprouve toujours la même oscillation entre enchantement et tristesse. Le dimanche du premier week-end du temps entre, au réveil, on découvre des photographies où deux petites poucettes amies se retrouvent dans l’immense prairie d’un parc à Bruxelles. Assises l’une à côté de l’autre dans l’herbe verte, elles croquent chacune une pomme plus grande que sa bouche, et on les voit marcher main dans la main. Quoi de plus normal, quoi de plus banal que ces images d’enfance? Et cependant elles nous paraissent extraordinaires comme surgies d’un lieu, d’un temps désormais impossibles. Une heure ou deux plus tard, on reçoit un message nous apprenant que le père de l’aimé est mort dans la nuit. Sa respiration, comme celle de tant d’autres personnes âgées, isolées dans les maisons de retraite, l’a quitté.

Envie de printemps, deuil de printemps. 

Oscillation entre la vie qui enchante et la mort qui nous laisse sans voix. 

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# 16 – Un autre temps ? Le temps entre (1) Voici venu le temps de l’incertitude

26 avril 2020

Lire Proust au temps du coronavirus #16 – 26 avril 2020

Marcel Proust, A l’ombre des jeunes-filles en fleurs : «Puis les concerts finirent, le mauvais temps arriva, mes amies quittèrent Balbec, non pas toutes ensemble, comme les hirondelles, mais dans la même semaine. Albertine s’en alla la première, brusquement, sans qu’aucune de ses amies eût pu comprendre, ni alors, ni plus tard, pourquoi elle était rentrée tout à coup à Paris, où ni travaux, ni distractions ne la rappelaient.»

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# 15 – Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. Un étrange pays dans mon pays lui-même. Le monde s’est dédoublé

21 avril 2020

Lire Proust au temps du coronavirus – # 15 – 21 avril 2020

Le dimanche du sixième week-end de vie sans vie, est jour de pluie et de ciel gris. Dès l’aube, on entend les gouttes crépiter dans la cour du jardin provençal qui restera humide et luisante toute la journée ainsi que les jours suivants. Le dimanche du sixième week-end de vie sans vie, la pluie grise nous incite à plus de paresse que les jours de la semaine. Alors on profite de ce moment pour aborder une question difficile.

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# 14 – Proust et le voyage à Balbec (3) Enchantement et désenchantement encore. Le beau bizarre

18 avril 2020

Lire Proust au temps du coronavirus # 14 – 18 avril 2020

Quelques jours après les premiers jours de la vie sans vie du confinement, éveillée au milieu de la nuit, on s’était dit qu’on n’allait pas déjà compter les jours et qu’on ne pourrait pas continuer à compter les morts. Car chaque jour, les morts s’ajoutaient aux morts et aujourd’hui encore, chaque jour, les morts s’additionnent aux morts jusqu’à atteindre des chiffres inouïs. Au fil des jours qui se sont superposés aux jours, on a vécu au rythme de cet insupportable comptage. Et tout à coup, à la veille du sixième week-end de vie sans vie, on se surprend à compter le temps qui reste, ce « temps vain vain qui tombe brutalement à l’envers » comme l’écrivait Hélène Cixous il y a quelques jours. A la veille du sixième week-end de vie sans vie, on commence le comptage à l’envers, le comptage à rebours, car il reste quatre semaines jusqu’à la date annoncée du début de la fin du confinement. Et l’on se dit: quatre semaines pour vivre et profiter de la vie protégée. 

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# 13 – Une lueur, une perspective ? Envie de printemps, deuil de printemps

16 avril 2020

Lire Proust au temps du coronavirus # 13 – 16 avril 2020

Au début de la cinquième semaine de vie sans vie du confinement, une fenêtre s’entrouvre et l’on croit apercevoir une lueur au loin. Et cela nous paraît curieux car bien évidemment, à ce jour, rien n’est moins sûr quant à l’issue. Et pourtant… 

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# 12 – Cinquième week-end de vie sans vie. Comment vivre en étant séparée de la vie des autres ?

13 avril 2020

Lire Proust au temps du coronavirus # 12 – 13 avril 2020

Hélène Cixous : «Rien à dire qui puisse atteindre l’endurance de l’écriture. Rien où l’écriture puisse poser son tapis le temps de tisser une phrase. Rien où.[1]» 

Au début du cinquième week-end de vie sans vie du confinement, alors que le printemps explose et que le monde extérieur nous appelle, la mer et le ciel, les arbres et les fleurs, on se pose la question de comment on va faire pour durer ? Comment on va faire pour persister? Pour continuer à se protéger soi et les autres alors que vingt-six jours se sont écoulés. Vingt-six jours déjà, vingt-six jours à peine, et combien de temps encore ?

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# 11 – Le voyage du narrateur à Balbec : «Je sentais qu’au contraire cette couleur n’était ni inertie, ni caprice, mais nécessité et vie. » Quand de nouvelles métaphores nous arrivent, Rabelais et les mots qui fondent comme neige

8 avril 2020

Lire Proust au temps du coronavirus # 11 – 8 avril 2020

Trois semaines déjà se sont écoulées depuis le premier jour de vie sans vie, et en ces premiers jours de la quatrième semaine de confinement, on se dit que le temps passe étrangement vite, entre torpeur et vitesse. En ces premiers jours de la quatrième semaine, on décide de revenir à Proust et au voyage que le narrateur fait en train vers Balbec. On s’en souvient, outre l’expérience temporelle qui est au cœur de La Recherche, c’est aussi à une expérience esthétique que Proust nous convie. Alors on décide de s’arrêter à cette expérience, le temps d’un texte. Le temps du passage d’une réalité perçue ou mémorisée à sa transposition dans un tableau ou dans l’écrit. L’écriture, et pas seulement le cinéma, est aussi un art du montage. 

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# 10 – Suspendre son souffle, suspendre le temps. Proust et le voyage à Balbec, l’ivresse du narrateur

6 avril 2020

Lire Proust au temps du coronavirus #10 – 6 avril 2020

Au début de la troisième semaine de vie sans vie, on avait ressenti le besoin de ralentir et de s’arrêter au chevet de ce qui nous arrive. Prendre le temps de penser la tristesse, la vulnérabilité et les funérailles confinées. Ne pas sauter dans l’après et rester présente au présent. Et puis voici que l’urgence et les chiffres affolants nous ont rattrapée, voici que sont arrivées les deux semaines annoncées et la fameuse vague et le pic en France. Voici aussi, et cela on ne pouvait, on ne voulait le prévoir, que le coronavirus s’est approché de nous, nous menaçant au cœur, au petit cœur battant d’une petite-fille qui il y a quelques jours encore trottinait d’un pas vif et chantonnait en poussant la poussette rose de son baby dans une rue de Bruxelles. 

Alors on a suspendu son souffle et on a suspendu le temps.

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