Lire tout simplement #3 On clôture et on rouvre…

Ce texte est le dernier de la série écrite tout au long des confinements, de mars 2020 à mai 2021, car il est temps de passer à un autre temps. Ce dernier texte clôture également la série de textes écrits (et non publiés ici) dans le cadre de l’atelier « Ecrire sur soi » d’Oliver Rohe au sein de l’école « Les Mots. »

Je remercie tous mes ami.es à Bruxelles, à Marseille ou parfois ailleurs qui m’ont lue, écoutée et envoyé des messages.

Lire tout simplement # 3 – 19 mai 2021

Tu refuses d’imaginer le futur car à peine esquisses-tu quelques lignes, tu as l’impression d’être aussitôt propulsée dans une autre époque de ta vie. Comme ces figures animées de Myazaki qui traversent l’espace et le temps les cheveux au vent, accrochées mortes de peur à un engin interstellaire qui fonce à travers le firmament. Ou comme Alice tombée dans un puits sans fond, soudain trop grande pour les aventures qu’il lui faut vivre dans un monde devenu trop étroit.

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Lire tout simplement # 2 – C’est le printemps. Mais quand est-ce qu’on reprend la vie normale? Patrick Bruel et La peau de chagrin de Balzac.

Lire tout simplement # 2 – 21 mars 2021

Dans une vidéo transmise il y a quelques semaines par notre amie journaliste à Bruxelles, on voit Patrick Bruel errer dans les locaux déserts du quotidien Le Soir. Ambiance de crépuscule,  face à la caméra, le chanteur chuchote, l’index posé sur ses lèvres: « On est dans les locaux du journal Le Soir. » Puis il se tourne et glisse son regard vers le fond de la salle et les cloisons de séparation de l’open space de la rédaction qui ressemble à un vaste réfectoire vide. Puis il se met à frapper dans ses mains : « Allez, allez», crie-t-il, « on arrête de déconner, tout le monde sort, arrêtez de vous cacher, là ! », et dans la voix joueuse du chanteur, on entend poindre l’angoisse.

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# 5 – On nous a volé notre vie. On nous a coupé les bras et les jambes. Radiographie de la main. Pascale Seys et Saint-Exupéry

29 novembre 2020

Lire La Montagne magique # 5 – 29 novembre 2020

L’été est fini dans le monde d’en haut, c’est bientôt l’automne et le mois d’octobre approche. Hermine Kleefeld, une jeune pensionnaire qui n’a plus qu’un demi-poumon, fait cette remarque désabusée : « Bon, l’été est passé – enfin s’il a existé  On nous l’a volé, comme d’une façon générale on nous a volé notre vie, au total.» « C’est dur d’avoir 20 ans en 2020, le sacrifice est terrible », avait dit le Président de la France dans son allocution du 14 octobre annonçant le re-confinement de l’automne. L’été est passé, l’été est loin, et ils sont nombreux les jeunes à penser qu’on leur a volé leur vie.

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# 4 – Gestes et répétitions. Un monde en suspens, une vie au ralenti. Cynthia Fleury, Gus Van Sant et Gucci.

22 novembre 2020

Lire La Montagne magique # 4 – 22 novembre 2020

L’écrivain allemand Léon Feuchtwanger contemporain de Thomas Mann à propos de son exil méditerranéen de sept années à Sanary-sur-Mer sur la côte varoise de 1933 à 1940: « Lorsque je montais au sommet de la petite colline, vers ma maison blanche et ensoleillée, que je retrouvais mon jardin et sa paix profonde, […] alors toutes les fibres de mon être me disaient : c’est ici que tu es chez toi, cet univers est le tien[1]. » 

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#1 – Re-confinement: allons en librairie!

1er novembre 2020

Lire La Montagne magique #1 – 1er novembre 2020

Aux premiers jours du confinement au printemps dernier, on avait eu le projet de relire Proust et A la Recherche du temps perdu. Car on allait avoir du temps enfin! On allait avoir du temps, mais en réalité le projet avait été modifié. Certes, on avait bien commencé de relire les premiers volumes de La Recherche, A l’Ombre des jeunes-filles en fleurs et Le Côté de Guermantes, mais la lecture s’était aussitôt transformée en chronique des jours étranges que l’on s’était mise à vivre semaine après semaine dans la maison des quartiers Nord de Marseille et le joli jardin provençal.

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# 17 – Un autre temps, le temps entre (2) Ecouter les voix, et celle de Guillaume Gallienne lecteur de Proust

30 avril 2020

Lire Proust au temps du coronavirus #17 – 30 mars 2020

Nous voici désormais dans le temps entre, et pourtant, pour l’instant, rien n’a changé, et on éprouve toujours la même oscillation entre enchantement et tristesse. Le dimanche du premier week-end du temps entre, au réveil, on découvre des photographies où deux petites poucettes amies se retrouvent dans l’immense prairie d’un parc à Bruxelles. Assises l’une à côté de l’autre dans l’herbe verte, elles croquent chacune une pomme plus grande que sa bouche, et on les voit marcher main dans la main. Quoi de plus normal, quoi de plus banal que ces images d’enfance? Et cependant elles nous paraissent extraordinaires comme surgies d’un lieu, d’un temps désormais impossibles. Une heure ou deux plus tard, on reçoit un message nous apprenant que le père de l’aimé est mort dans la nuit. Sa respiration, comme celle de tant d’autres personnes âgées, isolées dans les maisons de retraite, l’a quitté.

Envie de printemps, deuil de printemps. 

Oscillation entre la vie qui enchante et la mort qui nous laisse sans voix. 

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# 14 – Proust et le voyage à Balbec (3) Enchantement et désenchantement encore. Le beau bizarre

18 avril 2020

Lire Proust au temps du coronavirus # 14 – 18 avril 2020

Quelques jours après les premiers jours de la vie sans vie du confinement, éveillée au milieu de la nuit, on s’était dit qu’on n’allait pas déjà compter les jours et qu’on ne pourrait pas continuer à compter les morts. Car chaque jour, les morts s’ajoutaient aux morts et aujourd’hui encore, chaque jour, les morts s’additionnent aux morts jusqu’à atteindre des chiffres inouïs. Au fil des jours qui se sont superposés aux jours, on a vécu au rythme de cet insupportable comptage. Et tout à coup, à la veille du sixième week-end de vie sans vie, on se surprend à compter le temps qui reste, ce « temps vain vain qui tombe brutalement à l’envers » comme l’écrivait Hélène Cixous il y a quelques jours. A la veille du sixième week-end de vie sans vie, on commence le comptage à l’envers, le comptage à rebours, car il reste quatre semaines jusqu’à la date annoncée du début de la fin du confinement. Et l’on se dit: quatre semaines pour vivre et profiter de la vie protégée. 

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# 13 – Une lueur, une perspective ? Envie de printemps, deuil de printemps

16 avril 2020

Lire Proust au temps du coronavirus # 13 – 16 avril 2020

Au début de la cinquième semaine de vie sans vie du confinement, une fenêtre s’entrouvre et l’on croit apercevoir une lueur au loin. Et cela nous paraît curieux car bien évidemment, à ce jour, rien n’est moins sûr quant à l’issue. Et pourtant… 

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#5 – Début de la deuxième semaine de vie sans vie: soyons humbles car la vague arrive

24 mars 2020

Lire Proust au temps du Coronavirus #5 – 24 mars 2020

Il faut faire preuve d’humilité, énonce un éminent infectiologue qui n’est pas de Marseille à la différence du savant fou, du génial fada Didier Raoult, à propos de l’affaire de la chloroquine qui occupe les écrans et les ondes en ce début de la deuxième semaine de vie sans vie. 

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