18 avril 2020
Quelques jours après les premiers jours de la vie sans vie du confinement, éveillée au milieu de la nuit, on s’était dit qu’on n’allait pas déjà compter les jours et qu’on ne pourrait pas continuer à compter les morts. Car chaque jour, les morts s’ajoutaient aux morts et aujourd’hui encore, chaque jour, les morts s’additionnent aux morts jusqu’à atteindre des chiffres inouïs. Au fil des jours qui se sont superposés aux jours, on a vécu au rythme de cet insupportable comptage. Et tout à coup, à la veille du sixième week-end de vie sans vie, on se surprend à compter le temps qui reste, ce « temps vain vain qui tombe brutalement à l’envers » comme l’écrivait Hélène Cixous il y a quelques jours. A la veille du sixième week-end de vie sans vie, on commence le comptage à l’envers, le comptage à rebours, car il reste quatre semaines jusqu’à la date annoncée du début de la fin du confinement. Et l’on se dit: quatre semaines pour vivre et profiter de la vie protégée.
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